Afin de répondre à la sévérité croissante des normes, aux volumes toujours plus grands d’eau à traiter, et à la pollution grandissante des réserves, d’importants efforts de recherche ont été réalisés au cours des dernières années. Les études portent notamment sur les procédés de traitement des eaux ainsi que sur les techniques d’analyse et la mise au point d’instruments de surveillance automatique.


De nouvelles techniques, très performantes ont ainsi pu voir récemment le jour. Ces techniques dites de séparation par membranes constituent une mini-révolution dans le domaine du traitement de l’eau. Leur principe consiste non plus à éliminer chimiquement les micropolluants mais à les extraire physiquement. Elles présentent le très gros avantage de n’utiliser aucun réactif chimique, sauf pour leur entretien. Très fiables, elles permettent de traiter des eaux très polluées et de produire, quelles que soient la qualité de l’eau à traiter, une eau très pure, sans goût désagréable ni mauvaises odeurs. Ces techniques sont désormais utilisées à grande échelle.


Le principe d’action de ces membranes est simple puisqu’il consiste ni plus ni moins en un filtrage mécanique. Mais quel filtrage !


 Filtrer l'eau de pluie, c'est la garantie d'une eau salubre partout en Polynésie. 



Modes de filtration de l'eau

Ultrafiltration

La membrane est constituée de milliers de fibres très fines, rassemblées à l’intérieur d’une gaine rigide. Les parois de chacune de ces fibres sont percées d’une multitude de pores microscopiques dont la taille est de l’ordre de 0.01 micron (ou micromètre). L’eau à traiter circule sous pression à l’intérieur des fibres et passe à travers les pores. De toutes les substances contenues dans l’eau, seules peuvent traverser les parois des fibres celles dont l’encombrement est inférieur à la taille des pores. L’eau ainsi filtrée est récupérée à l’intérieur de la gaine. Les substances à l’encombrement trop important restent dans les fibres où elles sont lessivées par l’eau non filtrée. Côté entretien, un lavage régulier avec de l’eau propre circulant en sens inverse permet d’éviter aux pores de se colmater et un nettoyage chimique des membranes doit être effectué de temps en temps.

L’ultrafiltration permet d’éliminer toutes les particules en suspension, les bactéries et les virus, ainsi que les plus grosses molécules organiques. Toutefois certains pesticides et certaines molécules responsables de goûts et d’odeurs, de plus faible encombrement, ne sont pas retenus. Pour pallier cet inconvénient, du charbon actif en poudre est mélangé à l’eau à traiter. Ces substances s’adsorbent sur les grains de charbon lesquels, trop gros pour passer à travers les pores, sont retenus par les membranes.

Utilisé comme traitement d’affinage, ce procédé permet d’éliminer goûts et odeurs, et de réduire notablement l’usage des désinfectants chimiques, la concentration en substances organiques susceptibles de réagir avec eux ayant elle-même diminué.

Filtration de l'eau


Nanofiltration

Son principe est très semblable à celui de l’ultrafiltration, la différence essentielle étant que la membrane offre une porosité dix fois plus faible, de l’ordre de 0.001 micron (ou micromètre). Constituée de trois couches de matériaux différents, la membrane est enroulée autour d’un tube central. Injectée sous pression, l’eau à traiter traverse la membrane et ressort filtrée par le tube central.

La nanofiltration permet de retenir tous les polluants dissous, qu’ils soient biologiques, organiques ou minéraux et quelle que soit leur concentration, sans avoir besoin d’utiliser l’adsorption sur charbon actif. Elle permet, elle aussi, de diminuer notablement l’usage du chlore.

Son seul inconvénient technique est que l’eau produite est tellement pure qu’il est nécessaire de la reminéraliser !